Historique IFY (Institut Français de Yoga)

Historique, cheminement, création de l’école de l’enseignement du yoga en France, de TKV Desikachar à Viniyoga à l’IFY

 

Me voici dans la position d’un historien qui ne s’est jamais soucié de mémoriser des dates !

Certes, je sais que mon premier séjour à Madras (aujourd’hui Chennai) a bien été au cours de l’automne et hiver 1966 et qu’il a duré six mois. Ce fût la découverte de la gentillesse et de l’écoute de TKV Desikachar, de la rigueur de T.Krishnamacharya, un homme à la présence et au regard impressionnants mais aussi la possibilité de continuer à fréquenter les causeries données par J.Krishnamurti à Vasanta Vihar, maison et jardin dans lesquels l’hébergeait la Fondation Krishnamurti.

Desikachar, par souci de mon bien-être avait réservé une chambre chez un major de l’armée de religion chrétienne, en pensant que je serais moins dépaysé ! En fait je préférais le quartier brahmane de Mylapore, proche de Mandavallipakam, le quartier ou T.Krishnamacharya et son épouse et leur fils vivaient alors.

Je m’identifiais plus à la culture et à la religion brahmanique qu’à la chrétienté, mes « soi-disant » racines.

En outre cela m’aurait économisé de longs trajets en bus pour me rendre aux cours.

À cette époque Desikachar n’avait pas encore institué le Krishnamacharya yoga mandiram ; il donnait ses cours particuliers dans sa chambre minuscule où j’ai découvert le trésor d’un enseignement personnalisé et respectueux de mes besoins et de mes limites, ce qui continua tout au long de ma relation avec mon professeur, jusqu’à la fin des années 80.

Peu après d’autres enseignants français ou belges ou suisses dont la notoriété est aujourd’hui évidente vinrent à leur tour se joindre au petit groupe des premiers élèves européens de Desikachar : en premier ce fût Claude Maréchal à qui j’avais parlé ce cet enseignement hors du commun, puis ce fût le tour de Bernard Bouanchaud, puis de Laurence Maman, tous rencontrés au cours de stages organisés par la Fédération nationale des enseignants de yoga, et enfin Peter Hersnack, rencontré à Brockwood park, l’école fondée en Angleterre par la Krishnamurti foundation où j’eus le bonheur d’enseigner en 1969 et 1970 et où est né mon fils Ariel, sans oublier Malek Daouk.

Lorsque Gérard Blitz, élève direct de T.Krishnamacharya qui avait soigné son épouse de l’époque, créa les rencontres de l’union européenne de yoga à Zinal, au Club méditerranée situé dans ce charmant village valaisan, nous étions plusieurs à souhaiter trouver une dénomination plus juste que ce qui avait cours à l’époque : »le yoga de Madras) ; après deux jours de réflexion Desikachar nous proposa : « Viniyoga » et nous acceptâmes ce terme avec enthousiasme.

Dès lors s’enchaînèrent la création du « Viniyoga international association » et de la « Fédération française de Viniyoga », qui se renomma ensuite très rapidement en « Fédération française de yogaviniyoga ».

Très vite aussi vinrent les différents stages animés par Desikachar en France, à Entremont, à Forgeassoud, à Sévrier, à l’Arbresle et puis la séquence conduisant au diplôme viniyoga international : d’abord le stage de sélection à Vaison la Romaine, ensuite le premier passage d’épreuves à Grimentz, puis le second passage d’épreuves à Paris.

Entre temps sa notoriété grandissait et ses élèves américains le faisaient connaître d’est en ouest et du nord au sud !

Plusieurs années s’écoulent et, au grand désarroi de la plupart de ses élèves, Desikachar demande un jour, assez abruptement, d’abandonner le terme viniyoga, considérant qu’aux États-Unis c’était devenu une étiquette commerciale dont il ne voulait pas.

Les formateurs de la FFYV choisirent d’accéder à sa demande et Laurence suggéra le nom : « Institut français de yoga » pour identifier notre association.

D’autres formateurs, dont Claude Maréchal ou Paul Harvey en Angleterre refusèrent et ont conservé la dénomination « viniyoga ».

Un jour nous eûmes la surprise de recevoir rue de Valois, local que nous occupions depuis l’origine, grâce à Bernard Bouanchaud, une demande de Kaushtub, le fils de Desikachar, lequel souhaitait rencontrer le groupe des formateurs de l’IFY.

La rencontre fût déconcertante car Kaushtub était simplement venu nous signifier que notre institution disparaîtrait dès que le dernier élève de son père mourrait et que c’était lui, dorénavant, la seule source authentique et le seul référent de l’enseignement de son grand-père.

Fort heureusement cet électro-choc fût salutaire et conduisît à un resserrement de nos liens, de nos échanges, de notre coopération et a donné l’Institut tel que vous le connaissez aujourd’hui.

Puisse-t-il s’épanouir encore et contribuer à la longévité et à la justesse de l’enseignement du yoga dans le monde.

 

François Lorin

10/01/2017